Hachure

En dessin et gravure, une hachure est un trait rectiligne ou plus ou moins courbe qui permet de produire une nuance de demi-teinte, et non un contour. Le terme s'emploie plus fréquemment au pluriel car les hachures rendent leur effet par répétition.

Dessin artistique et gravure

Le rôle des hachures est de donner visuellement différentes valeurs de gris, selon leur épaisseur et de leur densité comparé au blanc du support. Les hachures ne sont pas perçues comme des entités individuelles du dessin, mais comme un ensemble donnant la vision d'une ombre ou d'une nuance plus ou moins uniforme ou dégradée.

Les hachures sont employées quand la technique ne permet pas d'obtenir autrement des demi-teintes et des nuances, comme c'es le cas avec le dessin à la plume ou la gravure sur bois, le burin, l'eau-forte ou la taille-douce, entre autres. Dans ce cas, on n'a que des traits pleins de la couleur de l'encre (noire, le plus fréquemment). Pour obtenir des gris, on procède par conséquent par hachures : fines et espacées, elles donnent un gris clair, épaisses et serrées, un gris foncé. Les hachures sont parallèles, elles peuvent être juxtaposées et entrecroisées pour donner plus de densité. Leur aspect fluctue selon la technique : assez larges en gravure sur bois de fil, elles deviennent extrêmement fines avec la gravure sur bois de bout au XIX^e siècle, qui voir se répandre l'usage de l'échoppe rayée ou vélo, sorte de burin à plusieurs dents servant à graver tout autant de hachures parallèles d'un seul jet. Elles sont fines et énormément identiques avec les outils de gravure sur cuivre qui ne font que «griffer» la surface (eau-forte, taille-douce, certains emplois du burin), et sont alors croisées.

Elles peuvent aussi être d'épaisseur variable (gravure sur bois, burin) quand l'outil peut creuser plus ou moins profondément le support, et donner un effet de dégradé fluide. L'exemple ultime de la hachure modulée est probablement la Sainte Face^[1] (1649) du graveur buriniste Claude Mellan^[2] (1598-1688) qui est constituée d'une seule «hachure» se développant en spirale à partir du bout du nez du Christ, et dont l'ensemble des détails, le modelé, sont rendus par les modulations de l'épaisseur de cette ligne unique. Mellan revendiquait de ne jamais croiser ses tailles et apportait là une démonstration éclatante.

Les hachures n'ont plus lieu d'être avec la naissance de techniques comme l'aquatinte ou la lithographie, qui permettent d'obtenir des demi-teintes véritables directement.

Le dessin avec hachures reste cependant utilisé, soit pour sa simplicité, soit pour donner une apparence de «gravure ancienne». Même au crayon, on préfère fréquemment procéder par hachures plutôt que d'estomper pour obtenir des gris, ce qui conserve la vigueur, la spontanéité et la fraîcheur du dessin.

Dessin technique

En dessin technique, les hachures sont des trait d'épaisseur constante, parallèles et équidistants, qui ont un rôle conventionnel d'indication. On les traçait manuellement avec un hachurateur ou sur une table à dessin pourvue d'un appareil à dessiner.

Dans un dessin de définition, indépendamment du matériau, les hachures sont en trait continu faisant un angle de 45° ou 30° comparé aux bords de la feuille.

Dans un dessin d'ensemble, les hachures se distinguent par un motif associé à un type de matériaux et d'une façon plus générale à une propriété physique ou technique. Sur chaque vue, une même pièce doit avoir le même motif (orientation et fréquence). Il faut si envisageable faire fluctuer l'orientation des hachures entre deux pièces conjointes.

Cartographie

En cartographie, les hachures ont servi à indiquer les reliefs sur les cartes d'État-Major ou autres, qui étaient imprimées en taille-douce. Leur usage, codifié au fil des années, permettait de lire aisément une carte : les hachures étaient parallèles, disposées dans le sens de la plus forte pente, et d'une épaisseur proportionnelle à l'inclinaison de la pente, selon un «diapason» déterminé mathématiquement.

Héraldique

L'héraldique^[3] utilise pour décrire un blason une gamme de couleurs représentant métaux, émaux, fourrures, etc. Dans les livres imprimés, comme il était rarement envisageable d'avoir des représentations en couleur, on a adopté un dispositif conventionnel de hachures en noir et blanc, surfaces constituées de lignes parallèles équidistantes donnant une valeur de gris moyen et identifiables par leur orientation, pour les émaux : horizontales : azur (bleu)  ; verticales : gueules (rouge)  ; horizontales et verticales croisées : sable (noir)  ; à 45° à gauche («en bande»)  : sinople (vert)  ; à 45° à droite («en barre»)  : pourpre (violet).

Azur

Gueules

Sable

Sinople

Pourpre

Notes et références

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