Pochoir

Le pochoir, «feuille de carton ou de métal découpée, pour colorier avec une brosse, le dessin ayant le contour de la découpure», apparaît dans le Larousse en 1874. Cette technique d'impression (ou technique picturale) sert à reproduire des caractères ou des motifs sur divers supports, plusieurs fois et de façon d'autant plus précise que la découpe des parties ajourées est faite proprement. Elle est utilisée depuis des siècles et ce, à des fins particulièrement variées (décorative, éducative, industrielle, artistique, publicitaire, signalétique, de protestation ou même par commodité). Particulièrement souvent, on a recours à cette technique pour former des lettres.

L'utilisation de la technique du pochoir dans notre société est courante et peut passer inaperçue. Son usage en dehors du cercle de l'«art de la rue» se conserve quelque peu, quoique balayé par la sérigraphie, en d'autres temps, et actuellement par les nouvelles formes de reproduction via l'informatique. On retrouve certains marquages publics comme «PAYANT» au pied d'une place de parking, les passages pour piétons ou des «Défense d'afficher - Loi du 21 juillet 1881».

Histoire

On peut donner comme origine du pochoir la technique qu'utilisaient les ancêtres des hommes pour décorer les cavernes de l'image de leur main, en soufflant un pigment pour en faire ressortir seulement les contours.

Cette technique a été utilisée en typographie dès le XVII^e siècle, surtout pour l'impression de textes liturgiques (le grand format des ouvrages de chœur n'était pas compatible avec les caractères mobiles utilisés depuis Johannes Gutenberg). L'application se faisait manuellement avec une brosse, grâce à des pochoirs le plus souvent réalisés dans un alliage de laiton et de zinc^[1].

Le pochoir comme art

Il est envisageable de dire que la discipline est apparue de manière régulière à Paris, au début des années 1980, ainsi qu'à diverses périodes antérieures et postérieures dans d'autres villes et pays. La continuité d'action de rue et la multiplication des supports de conservation d'images, via la photographie, entraînent alors une sorte de suivi des «traces urbaines» au moins pour Paris.

Naissent alors plusieurs noms du pochoir. Blek le rat est fréquemment désigné comme point de départ du mouvement parisien début 1980, mais Marie Rouffet en 1982 dit en avoir vu avant au Canada.

On l'appelle graffiti au pochoir, pochoir urbain ou pochoir de rue, historiquement associé à la figuration libre.

Les pochoiristes sont fréquemment des peintres de rue, utilisant une matrice de carton ou de métal, pour reproduire des dessins sur les murs, ou toute autre surface plane. Au début des années 1980, Paris voit apparaître une pléïade d'artistes s'exprimant sur les murs. Ce mouvement du graffiti urbain connaît actuellement des artistes reconnus par les circuits officiels et une communauté énormément plus large d'individus s'exprimant pour des raisons aussi variées qu'il existe de couleurs.

Les grands pochoiristes des années 1980 comptent Blek le rat, Mix Mix, Miss. Tic, Marie Rouffet, Jérôme Mesnager, Epsylon Point, Paul Etherno, Hervé Morlay (dit VR), Jef Aérosol, Surface Active, Midnight Herœs, les Nuklé-Art (Kim Prisu, Kriki, Paul Etherno, le Rire du Fou, les Potaches pocheurs, puis les années 1990 voient apparaître Némo, Le Bateleur, Hao, Zao, le collectif Splix (Pixal Parazite, Spliff-Gâchette), Laszlo, Sorcière, Mosko, ...

Technique

L'utilisation de la technique du pochoir peut se découper en 2 grandes étapes :

1. La découpe, comprenant :
   • Le choix du motif à reproduire
   • Le choix du matériau
   • La découpe proprement dite
2. L'application, comprenant :
   • Le choix du support
   • Le choix du type de couleur
   • L'application proprement dite

Choix du motif

L'image conçue pour être reproduite peut être dessinée ou récupérée (photo, magazine, affiche... ). Suivant le matériau dans lequel sera fait le pochoir, un choix doit être fait entre l'utilisation d'un calque pour copier l'image, ou la découpe directe selon le master de l'image photocopiée ou dessinée.

Choix du matériau

Le pochoir doit être découpé dans un matériau plutôt rigide si on veut le réutiliser plusieurs fois, mais le choix est particulièrement large :

• papier épais, directement imprimable (le plus haut grammage généralement est de 220g). Ce sera ce papier qui deviendra la matrice ;
• carton épais et tendre, si on utilise la technique du dessin ;
• photocopie sur du papier basique qu'on scotche ou colle sur une plaque de carton ;
• plaque de rhodoïd ;
• plastique ou acétate ;
• feuille de métal ;
• bois.

La découpe

Pour la découpe manuelle, on peut utiliser un couteau à lame rétractable à lame la plus fine envisageable, un scalpel, une scie à chantourner, ou des ciseaux. Des machines peuvent être programmées pour découper des motifs dans du métal, du bois ou du plastique particulièrement rigide.

Les textes et les lettres dans le pochoir

Dans une police classique il y a 2 types de lettres : les lettres ouvertes (C E I M N S Z... ) et les lettres fermées (A O P Q R... ). Certaines peuvent être ouvertes ou fermées, suivant qu'elles sont en majuscules ou minuscules : r et R, g et G...

Exemples de police pochoir :

• les points de retenue des formes intérieures sont déjà prévus, dans ce cas ce sont les intérieurs qui seront découpés et par conséquent peints.
• exemple inverse, ici ce sont les extérieurs qui sont découpés et par conséquent peints. Les contours des lettres seront colorisés et rendront les lettres lisibles.

Ce principe d'intérieur/extérieur s'applique aussi à l'interprétation d'un portrait, ou de toute autre forme.

Les ombres et volumes

Une image est le plus souvent constituée d'un ensemble de lignes qui compose la forme du sujet. À ces lignes peuvent s'ajouter des ombres, jeux de tonalités qui placent le sujet dans un espace, à la manière d'une pseudo 3D, sur une surface plane.

Dans sa notion basique, la découpe d'une forme pochoir consiste à retraduire une image en une seule couleur. Il est par conséquent plus simple d'interpréter des images composées d'aplats de 1 ou 2 couleurs.

Le portrait

Plus un corps humain a de volumes, plus les pièces à découper sont faciles à trouver. Il faut par conséquent s'appuyer sur les éléments musculaires et l'ossature. Les dessins de B. D. à la mode Conan ou Rahan offrent des formes musculaires marquées par conséquent simples à découper.

Une tête repose sur les mêmes contraintes. Ainsi, un visage lisse sans signe spécifique sera plus dur à interpréter, ou plutôt à reconnaître.

L'élément de réflexion central d'un portrait doit porter sur les caractéristiques qui font le visage, les signes spécifiques : oreilles, nez, bouche, menton, front, joues, yeux, dents... Certaines parties peuvent être complexes de par leur finesse, yeux, intérieurs d'oreilles... et peuvent par conséquent nécessiter un agrandissement.

La mise en couleur

Il est envisageable d'utiliser les 2 parties du pochoir, la partie découpée, et le contour de la partie découpée, afin d'obtenir 2 effets différents.

• Aérosols : rapide d'exécution, séchage rapide. La bombe aérosol est la technique la plus utilisée pour le pochoir urbain. Les bombes de peinture acrylique qui ne brûlent pas le plastique, polytérenes et autres sont plus onéreuses. Néanmoins, ce médium est assez nocif pour l'environnement et pour l'utilisateur (cirrhoses), d'où l'utilisation fréquente de masques.
• Propulsion sans aérosol : brosse à dents, pigments soufflés...
• Éponge : avec de la peinture à l'acrylique, par tapotement.
• Pinceau : il existe des pinceaux particulièrement conçus pour cet usage (plats ainsi qu'à poils durs implantés en rond). Un rouleau ou une brosse peuvent aussi être utilisés, enduits de peinture ou de craie.
• Stylo : un stylo ou un crayon est parfois utilisé pour simplement suivre les contours du motif.

Voir aussi

Techniques picturales Graffiti Street art

David Gestetner Banksy Blek le rat

Notes et références

1. ↑ Odile Blanc (Department of typography and graphic communication), Séminaire : stencil letters, lettres au pochoir, 31 janvier 2003 (page consultée le 16 décembre 2006)

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